Autorisé au Royaume-Uni depuis 2015, le transfert pronucléaire consiste à utiliser les gènes de trois parents pour la conception d’un bébé. Une technique initialement destinée à éviter la transmission de maladies génétiques graves mais qui semble aujourd’hui se détourner de son but primaire. Une naissance en Ukraine en début d’année suscite la polémique.
Le transfert pronucléaire
Le transfert pronucléaire est un type de fécondation in vitro qui consiste à féconder le spermatozoïde du père avec le noyau de l’ovule de la mère, puis à placer ce qu’on appelle le pronucleus dans l’ovule d’une deuxième mère. L’embryon ainsi conçu à partir des gènes de trois parents est ensuite implanté dans l’utérus de la première mère afin d’y séjourner pendant la grossesse.
Dans le cas d’une telle pratique, le bébé reçoit l’ADN nucléaire des parents initiaux mais aussi l’ADN dit mitochondrial de la deuxième mère. Si l’enfant est une fille, celle-ci transmet ainsi les gènes des trois parents à sa propre progéniture.
Un but initial détourné
Autorisée au Royaume-Uni depuis 2015, cette pratique visait initialement à réduire le risque de transmission de maladies génétiques graves. C’est également dans ces conditions que cette méthode avait été utilisée pour la première fois en 2016 au Mexique : la mère, porteuse du syndrome de Leigh, avait été autorisée à avoir recours au transfert pronucléaire afin d’éviter de transmettre sa maladie à son enfant.
Ma la naissance d’un nouvel enfant à trois parents le 5 janvier dernier suscite grandement la polémique. La mère porteuse, âgée de 34 ans, ne souffrait pas de maladie génétique grave mais rencontrait de graves difficultés à concevoir. Elle avait en effet eu recours à plusieurs interventions de fécondation in vitro, chacune se soldant par un échec : à chaque fois, l’embryon stoppait son développement avant d’être implanté dans l’utérus.
Une technique controversée
Cette prouesse, qui a été réalisée à la clinique Nadiya de Kiev sous la tutelle de Valéry Zukin, a évidemment ravi les parents qui tentaient de concevoir depuis une quinzaine d’années. Mais cette pratique reste cependant controversée.
Elle n’est autorisée au Royaume-Uni que dans le cas où la mère est porteuse de maladie génétique grave affectant les mitochondries. Mais dans d’autres pays comme le Mexique ou l’Ukraine, il n’existe aucune régulation officielle et les scientifiques craignent de voir cette méthode employée en dehors de toute réglementation et dans un but de traitement contre l’infertilité. D’autant plus qu’il est encore trop tôt pour savoir si la méthode est fiable.